dimanche, octobre 01, 2006
30 septembre: Il y a quelques jours que je n'ai pas adressé de nouvelles sur ce blog. En fait, nous avons eu quelques disfonctionnements de nos moyens de communications.
Au cours de ces derniers jours, la réalité, dure et difficile à accepter, s'est progressivement fait jour. Nous ne pourrons accéder au sommet du Palung Ri cette année. En effet, suite à la violente tempête qui a balayé toute la région, les dangers d'avalanche sont particulièrement forts sur cette montagne.
Lorsque le beau temps est revenu, nous avons effectué, avec Matias, des reconnaissances et des observations sur la montagne, afin de préciser l'itinéraire, mais surtout afin de découvrir les conditions suite à la tempête. Nous nous sommes engagés sur le glacier qui conduit à la base du col (col qui permet d'accéder à l'arête que nous voulons emprunter sur le Palung Ri). Nous avons été très satisfaits, car nous avons découvert un itinéraire qui permet de traverser rapidement et aisément le glacier, et rejoindre le pied du col à environ 6100 m. Lorsque nous parvenons à proximité du col, un alpiniste nous contacte par radio depuis le camp 1 du Cho Oyu, pour nous dire qu'il a une très bonne visibilité sur le Palung Ri, et que la montagne lui paraît très dangereuse : le col est situé à l'intersection des arêtes très avalancheuses du Cho Oyu et du Palung Ri - quant à l'arête, elle est parcourue de nombreux départs d'avalanches et d'autres sont à venir. Il nous recommande de ne pas donner suite à notre entreprise. Une première mauvaise nouvelle ! En effet, cet itinéraire me motivait fortement : il n'a jamais été gravi, l'arête est belle et conduit directement au sommet, à priori sans difficulté technique majeure, sur des pentes de 40 à 45 degrès - de surcroît, étant donné l'itinéraire découvert sur le glacier, nous pensons pouvoir faire l'ascension en 2 jours (1er jour : camp de base avancé - camp 1 au col - 2ème jour : camp 1 - sommet - camp base avancé). Mais bon, nous enregistrons l'information en provenance du camp 1 du Cho Oyu, afin de la valider ultérieurement.
Nous faisons demi-tour, longeons la face sud (cette face était une possibilité que j'avais envisagée initialement, mais nous l'avions abandonnée) de la montagne et nous dirigeons vers l'autre arête qui correspond à la voie dite "normale". L'accés au col situé à la base de l'arête ne paraît pas poser de problème : une montée sur la moraine. Le col paraît sécurisé. En revanche, nous n'avons pas de visibilité sur l'arête. Nous nous déplaçons alors sur un autre point qui permet de l’observer en partie. Et ce que nous découvrons ne nous enchante guère : une arête parcourue de départs d'avalanches sous forme de cassures dans la montagne, et l'on pressent que d'autres avalanches sont prêtes à partir.
Nous retournons au camp de base avancé. Nous écoutons le retour d'informations du camp 1 du Cho Oyu, des photos numériques du Palung Ri nous sont présentées. Les avis convergent : le Palung Ri est devenu, suite à la tempête, une montagne très avalancheuse. S'y engager relève de l'imprudence.
Afin d'avoir une visibilité de l'ensemble de la montagne, nous nous déplaçons en direction du col du Nangpa La (point de passage entre le Népal et le Tibet, voir message du 15 septembre sur ce blog). Sur l'itinéraire, nous nous arrêtons fréquemment pour observer le Palung Ri. Ce que nous découvrons, vient, malheureusement, confirmer tout ce qui a été constaté précédemment. De surcroît, nous prenons en compte la remarque d'un himalayiste chevronné : dans l'Himalaya, en haute altitude, la stabilisation du manteau neigeux sur la montagne peut prendre beaucoup de temps. Le lendemain, nous recevons un nouvel appel radio, en provenance du camp 1 du Cho Oyu, pour nous confirmer que les conditions sur le Palung Ri ne sont vraiment pas saines.
La décision vient naturellement : nous ne pourrons pas faire l'ascension du Palung Ri cette année. A titre personnel, ce fut une décision vraiment difficile à prendre !